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« Les têtes de pavots, citrouilles, énormes feuilles, les troncs d’arbres remplis d’orgueil de grossir, poussent et existent. La tapisserie les tisse et raconte, parfois « chuchote ».
Tissée en fil de lin, elle raconte aussi la vie du lin: grandir debout, être fauché, « mâché » et filé.
Elle se tisse morceau par morceau – l’arbre strie par strie – au fil du temps.
Sa couleur ne « papote » pas. Elle sort des champs, crée le sentiment du temps qui passe par la perte de sa vigueur, couleur passée.
Vous souvenez-vous des draps ou des nappes tissés autrefois pour l’usage domestique, pâles, gris clair, lavés et relavés, blanchis, passés, attendant les fêtes de Noël ou les fêtes ordinaires.
Sur le tuffeau, clair aussi, sont tissées les tapisseries de
Yolande de Plato, sans aucune machinerie perfectionnée, un simple réseau de fils fixés sur un cadre de bois, le cadre appliqué au mur.
Un papier kraft ocre, des traces de fusain servent de carton. Pas de tension atroce exercée sur la chaîne.
Les doigts se faufilent, épousent la souplesse.
Ses tapisseries se font loin des circuits agités et fréquentés; dans l’intimité de l’énorme atelier s’exerce le travail, avec comme témoins, des insectes perdus qui sillonnent l’air.
Les corneilles commencent à tourner déjà au dessus de cet endroit; très haut. Cela nous rend inquiets.
Est-ce l’automne ?
Le fard ne sert plus à rien. »
Edward Baran
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La Tapisserie, art ancestral
du cérémonial puis du fastueux, a ses époques de temps forts. De l'Antiquité grecque
aux siècles de la Renaissance, où elle habillait églises et châteaux ,
elle arrive
aujourd'hui , dans la conception de mon travail, aux valeurs de nos urgences
contemporaines: le respect de la matière travaillée, le respect du temps
car réaliser une Tapisserie requière un rythme d'homme (jusqu'à 6 mois
par m² ), et le respect de la créativité individuelle.
Le textile est un élément „deuxième peau“. Pour la
Tapisserie il y a dialogue à chaque millimètre, la matière
doit être „entendue“ puis guidée, rangée, contenue, maîtrisée par le
tissage pour l'osmose entre la texture et l'expression.
La Tapisserie manque dans la construction moderne souvent trop sèche ou
trop dure de ligne et de matériau. La Tapisserie peut tenir le rôle du
mouvant, du vibrant, et, paradoxalement du temporel (et pourtant une
Tapisserie est solide et défie les siècles) mais le temporel fastueux.
L’homme pour son équilibre a besoin d’avoir à porté de main plus mortel
que lui; d’autant plus à intérieur de structures “ béton ” ou à
contrario apporter une matière dans un lieu trop transparent..
Après avoir travaillé ces dernières années sur le potentiel créatif de
l"enfance en transposant en Tapisserie des dessins d'enfants, mon sujet
de recherche actuel est le lien, le réseau, les réseaux qui nous
composent et qui nous font êtres. En manquer est perdre la sève, s"en
empêtrer y perdre le sens. Se devenir est le dessin de nos réseaux.
Yolande de Plato
Depuis 1977 quelques unes des
expositions:
Paris Salon des Beaux Arts, TOULOUSE
Symposium international sur les teintures naturelles,
FRIEDRICHSHAFEN(D), NONTRON Aujourd'hui la Tapisserie, SOUZAY Les Folles
du Fil, PARIS Musée Des Arts Décoratifs, ANGERS Musée des Beaux-arts
NANTES Hôtel de la Région, MEAUX Tissa
Muros, MARBURG(D), KUVOLA(Fi), CHINON Castle, SAUMUR, HEIDELBERG(D) DKFZ,
HOLDENSTEDT, MANNHEIM Reiss Museum, Abbaye de FONTEVRAUD, Château de
VILLANDRY, NICE, CANNES, MEGÈVE, COLOGNE(D) Institut français,...
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